« Je ne vois pas comment une norme de l’art à la fois élevée et populaire pourrait exister alors que la majorité des gens vivent dans des taudis. Il ne suffit pas qu’ils assistent aux concerts gratuits, qu’ils fréquentent le Metropolitan Museum pour contempler des tableaux, ou les bibliothèques publiques pour lire des livres, ni qu’ils acquièrent une culture artistique, tant que leur environnement immédiat ou avec lequel ils sont directement en contact les habitue à des expériences sordides et laides.
Ceux qui contrôlent le système existant et qui, par conséquent, contrôlent aussi la commercialisation de ces produits, constatent que le moyen le plus facile et le plus rapide pour s’enrichir est de maintenir un niveau d’exigence très bas. On peut alors rétorquer qu’ils ne pourraient pas tirer le moindre bénéfice de ce système s’ils ne donnaient pas aux gens ce qu’ils veulent, de sorte que le fait qu’ils s’enrichissent en procurant aux masses des produits culturels superficiels intellectuellement et esthétiquement n’en est pas moins la preuve de l’incapacité des masses à apprécier ce qui est raffiné. Cet argument ressemble à celui qui est utilisé pour justifier que les journaux donnent à lire ce que les gens veulent lire. Ils commencent par créer le désir de certains types de choses puis, une fois qu’ils ont conduit les gens à les vouloir, ils les leur donnent en prétendant qu’ils ne font que procurer aux gens ce qu’ils veulent. » (John Dewey, 1932)
Éclipsée par le développement de l’esthétique analytique dans le monde anglophone et méconnue par la philosophie de l’art en Europe, la pensée de John Dewey est aujourd’hui convoquée dans un nombre croissant de discussions portant sur la démocratie, la pédagogie ou la politique culturelle. La notion d’expérience vise,
chez Dewey, à dissoudre les dualismes dans lesquels la philosophie et les sciences tendent souvent à s’enfermer (entre art et vie sociale, absolutisme et relativisme, sujet et objet, apparence et réalité). Relisant L’Art comme expérience, les textes réunis dans ce volume tirent des conséquences sociales et politiques du pragmatisme de Dewey pour repenser de façon critique la situation actuelle de l’art et de la culture.
Avec des contributions de : Jean-Pierre Cometti, Roberta Dreon, Gioia Laura Iannilli,
Yaël Kreplak, Giovanni Matteucci, Alfonso Ottobre, Olivier Quintyn, Diane Scott.
I. La naturalisation de l’esthétique . . . 13
GIOVANNI MATTEUCCI
Le paradigme esthético-pragmatiste de Dewey : analyse et perspectives . . . 15
ROBERTA DREON
L’esthétique, l’artistique et l’humain : continuité et différence entre art et expérience chez Dewey. . . 57
II. Perspectives . . . 93
ALFONSO OTTOBRE
Swinging Dewey . . . 95
GIOIA LAURA IANNILLI
John Dewey et Nelson Goodman : la paideia artistique comme résonance opérative . . . 119
YAËL KREPLAK
Le continuisme deweyen à l’épreuve des situations : de l’art comme expérience aux pratiques artistiques en interaction . . .143
III. Ressources critiques et politiques . . . 165
OLIVIER QUINTYN
De quelques usages critiques de Dewey pour l’esthétique aujourd’hui . . . 167
JEAN-PIERRE COMETTI
Politiques de l’art . . . 193
DIANE SCOTT
Six notes sur Dewey aujourd’hui . . . 225
Bibliographie . . . 251
Les auteurs . . .259
Editeur : Questions Théoriques
Collection : Saggio Casino
Publication : 10 octobre 2017
Edition : 1ère édition
Intérieur : Noir & blanc
Support(s) : Livre papier
Poids (en grammes) : 250
Langue(s) : Français
EAN13 Livre papier : 9782917131497
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